Extrait du Journal SORTIR, 14 avril 2007, page 7
Francine Migner La passante, une œuvre de Francine Migner réalisée en 2004, à partir d'objets récupérés, de cordons lumineux et d'un poème. (Photo: Robert Cloutier(c) Francine Migner/ Sodart)
Francine Migner
Voyage imaginaire, une installation réalisée en 2004 avec du tissu de taffetas, des objets récupérés et un cordon lumineux. (Photo: Robert Cloutier(c) Francine Migner/ Sodart)

Francine Migner
Totem, créé en 2002 par la compression de canettes de boissons gazeuses. (Photo: Jacqueline Beaudry Dion(c) Francine Migner/ Sodart)

Sortir - Vivre en Montérégie

La richesse de l'art pauvre
Charline-Ève Pilon

Francine Migner fait ressortir la beauté dans chaque objet. Plutôt que de jeter à la poubelle ceux qui deviennent inutiles, elle les met en scène, leur donne de nouvelles perspectives. Elle les questionne et intervient dans leur disposition habituelle. Toiles, objets et photos sont au centre d'une exposition prévue à compter du 29 avril au Vieux-Presbytère de Saint-Bruno. Peintre et installatrice, elle s'inspire d'un courant italien, arte povera pour s'exprimer. Une manière de donner une voix artistique à des objets de la vie courante qui, autrement, auraient été rapidement oubliés.

Cette résidante de Brossard, détentrice d'un baccalauréat en arts et lettres et membre du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec, a toujours été fascinée par les objets usuels, ceux que l'on perçoit davantage comme étant plus utiles qu'artistiques. "Je récupère tout le temps, raconte-t-elle. J'ai plein de choses dans mon sous-sol qui deviendront éventuellement des œuvres d'art."

L'exposition qu'elle présentera très bientôt dans la région se divise en trois parties. La première salle sera destinée à sept tableaux avec photos dont le thème est axé vers la nature morte. "J'ai pris des photos polaroids à l'épicerie, de fruits et légumes. C'est ce que j'appelle une performance. Pour moi, c'est une manière de conserver une certaine continuité. Ça parle d'instantanéité. Que ce soit à l'épicerie, dans les lacs, les champs, je saisis un moment très précis. Il y a une grande beauté qui s'en dégage."

Dans la deuxième salle, Mme Migner propose des œuvres qui n'ont jamais été exposées auparavant pour la plupart. Une dizaine de tableaux, dont la photo et le collage prennent la majorité de l'espace, seront en vedette. Finalement, dans la troisième salle, la plus grande, cinq œuvres prendront le plancher. "C'est là que mon côté installatrice est appelé à travailler. Il y aura entre autres une grande toile circulaire que j'ai retravaillée et que j'ai intitulée Catarcisme post-moderne . Devant, j'ai déposé une boîte de bois. C'est un objet dans lequel on peut y insérer nos problèmes, nos idées. Ça parle de mémoire et c'est là que toute l'œuvre prend son sens."

Ça fait déjà quelques années que l'artiste s'inspire de l'arte povera, que certains traduiraient par l'art pauvre, dans le cadre de ses installations et de ses performances. Pour elle, c'est un geste qui va bien au-delà de la simple création. C'est une action qui se veut surtout engagée. "Dans les années 60, des artistes italiens se sont opposés à la société de consommation en introduisant l'arte povera. Ce n'est pas un mouvement, mais plutôt une attitude. En se basant sur ce principe, ils utilisaient des objets qu'ils remettaient en scène."

En fait, contrairement à bien des artistes, ce qui l'attire, c'est tout ce qui n'est pas parfait. Elle préfère de loin une œuvre qui présente des imperfections, propre au mouvement du post-modernisme qui se rapproche davantage de la culture de masse, de la pop-culture. Pour elle, ça se rapproche beaucoup plus de la réalité. "Ce qui est le plus important, c'est le processus et non le produit fini. Ça ne met pas de l'avant ce qui est beau seulement. J'ai l'impression d'avoir la liberté totale dans mon art. Je ne sens pas que j'ai des barrières. Je peux faire ce que je veux."

Après un arrêt au Presbytère de Saint-Bruno, du 29 avril au 20 mai, elle sera à l'Écomusée du fier monde à Montréal et au Vieux Presbytère Saint-Mark, à Longueuil. Autrement, elle anime de temps à autres des ateliers d'arts plastiques dans différentes écoles de la Montérégie.

Pour informations: www.francinemigner.com